Week-end dans les Écrins : entre solidarité et émerveillement
Le 17.09.2021, par ClaireR-c11, 2 commentaires
Samedi 28 août 2021, 6h45, tout le petit groupe est là au point de RDV. Le ciel, clair et dégagé, est la promesse d’une belle journée.
Faisons les présentations. Nous sommes six, quatre handis et nos deux encadrantes, Claire responsable de la section handi au CAF et Sylvie. Donat et moi, sommes ce que l’on qualifie de mal marchant, Laurence et Yvon sont sourds et tout ce joyeux petit groupe, ultra motivé, est prêt pour cette aventure dans le massif des Écrins.
Claire a l’excellente idée de rejoindre le point de départ de la rando, prévu à Villard d’Arêne (Hautes Alpes), en passant par le col du Galibier. Une petite halte au col nous donne non seulement l’occasion de nous réveiller complétement avec une température extérieure de 10°C mais en plus de nous offrir une vue splendide sur le glacier de la Meije ainsi que les nombreux ’autres sommets qui font la grandeur du massif des Écrins. De là se dégage la force de ces géants minéraux gardant en leurs cœurs des neiges éternelles.

Le début du périple se situe presque au fond de la vallée de la Romanche. Claire nous a prévenu, il va falloir commencer à monter sur environ 400 m de dénivelé avant d’atteindre un plateau pour rejoindre le refuge. Ce n’est pas grave, la motivation et l’énergie sont là. Et puis, le paysage déjà sauvage qui nous entoure, nous fait la promesse d’être un compagnon attractif pour ce premier effort.

La montée sera effectivement un peu dure, mais déjà, sans plainte et sans demande la solidarité est là. Un regard, et un bras porte et aide ; un arrêt, et chacun souffle ; le tempo ralentit et c’est l’occasion pour prendre de belles photos. Tout le monde s’adapte, sans se justifier et sans impatience. C’est la force de ce groupe chargé en bienveillance.

Et voilà enfin le plateau, vaste étendue sauvage avec en arrière plan la montagne des Agneaux et ses glaciers. La vue est splendide et l’arrivée au refuge dans le milieu de l’après midi offre à tout un chacun l’occasion de souffler un peu dans un espace grandiose et hors du temps.

Le groupe se divise, Sylvie, Yvon et Laurence vont rejoindre le col d’Arsine et pour Claire, Donat et moi, ce sera une balade dans les environs du refuge pour profiter de cette vue majestueuse. Pour ma part, ce sera aussi l’occasion d’un vrai temps de méditation. Nous nous retrouvons pour le diner dans la bonne humeur et le partage.


Deuxième jour, après une bonne nuit, c’est une petite randonnée en direction des sources de la Romanche qui complète la matinée. Le temps clair et dégagé est au rendez vous et c’est dans un paysage de "presque savane" que nous évoluons.

Le massif de la grande Ruine nous observe et les marmottes aussi, petites peluches vivantes s’activant à leurs routines dominicales. Les sacs sont légers voir inexistants pour Donat et moi, ce qui nous permet de profiter de cette belle balade sans que l’effort soit intense. Eh oui, il faut penser au retour et se préserver.

Et nous avons bien fait de garder de l’énergie, car la descente va mobiliser nos efforts. Il faut compter sur la fatigue, les douleurs musculaires et les ampoules et puis malgré le mental gonflé à bloc, il y a ce moment où le corps, meurtri par le handicap, amorce des signes de difficultés.

Claire qui accompagne Donat en le tenant par son sac depuis deux jours du fait de ses problèmes d’équilibre est admirable car la descente est longue. Pour moi c’est Sylvie, binôme depuis deux jours qui assure ma sécurité en m’aidant sur certains passages. Et puis il y a ce moment où Laurence va prendre mon gros sac en plus du sien pour «m’alléger» et me permettre de réaliser l’heure de marche restante.
Finalement, nous arrivons tous aux voitures. Aucune chute à déplorer, aucun accident. Nous l’avons fait, malgré nos problèmes !!!
De ce fabuleux week-end, je retiens une vraie solidarité, de l’entraide et de la bienveillance en plus de paysages merveilleux et d’une météo admirable. J’ai également appris à m’exprimer dans la langue des signes, et prendre le temps et accepter de l’aide. Merci à la vie de m’offrir de telles opportunités.
Je dédicace ce petit article à mes 5 compagnons de rando et à toutes les personnes en situation de handicap pour leur dire que tout est possible quand nous sommes bien entourés et passionnés.
Texte de Nadège D ; Photos de Claire R et Laurence W