Handicaf au pied des Jorasses
Le 16.09.2014, par ReneD, 4 commentaires
Handicaf a terminé la saison 2013-14 par un week-end montagne à Chamonix. Samedi, nous sommes montés au refuge du couvercle (par les échelles, suite à une chute de séracs, le trajet par le balcon de la mer de glace qui passe sous le refuge de la Charpoua était interdit) ; dimanche, traversée jusqu’au refuge de Leschaux et redescente de la mer de glace. Nous étions 9 : 5 handis (Laurent C, Michel V, Michel M, Godefroy V et Donat C) et 4 valides (Dominique L, Joseph H, Gilbert M et moi).
Les 4 sourds étaient suffisamment autonomes pour descendre les échelles qui permettent d’accéder à la mer de glace sans aide particulière. Donat nécessitait une assurance complémentaire. Sur le glacier, on s’est encordé et on a mis les crampons (juste pour apprendre) mais ni l’un ni l’autre ne se justifiait vraiment et, après le pique nique, on a rangé les cordes dans les sacs. La moraine qui amène au pied des échelles est vraiment pleine de gros blocs, pas faciles pour quelqu’un qui a des problèmes d’équilibre. Les échelles et le sentier qui suit passent bien. Gilbert et moi accompagnions Donat pendant que les 6 autres montaient au refuge à leur rythme. Les gardiens du refuge étaient vraiment très bien : merci à eux tous.
La vue qu’on a sur les Jorasses, dans la belle lumière du soir depuis la terrasse du refuge du couvercle, est grandiose.
Pour dimanche, nous hésitons sur ce qu’il faut faire : depuis la gare du Montenvers pour monter au couvercle, avec Donat, nous avons mis 8h (pauses comprises). Peut-on traverser vers Leschaux et arriver à temps pour le dernier train du Montenvers ? Nous estimons que ce sera juste mais que ça devrait passer et décidons de partir le plus tôt possible. Malheureusement, peu après le refuge, nous nous trompons de chemin et ne prenons pas l'itinéraire le plus simple : un passage, équipé d’une corde fixe d’une trentaine de mètres (mais dans un terrain vraiment pourri) nécessite d’assurer tout le monde. Après avoir du attendre le groupe qui nous précédait nous y avons passé une bonne heure. Puis, jusqu’au refuge et, de là, jusqu’au glacier de Leschaux, c’est une succession de sentiers faciles, de moraines, d’échelles et de passages non protégés …plus délicats. Là encore les 6 devancent largement, Gilbert, Donat et moi. Du refuge, certains rêvent peut-être, en les voyants de près, qu’ils iront faire (pour moi, ce sera dans une autre vie) la Walker ou le Linceul (on y voit des cordées), mais l’erreur du début nous a fait perdre du temps et on ne traîne pas trop. Les premiers arrivent au Montenvers à temps mais les derniers 10 minutes après le départ du dernier train : les premiers n’ont pas réussi à convaincre les employés (l’esprit montagne, ce n’est pas pour eux !) d’attendre et c’est donc à pied (en 2h30 environ) que nous redescendons tous à Chamonix où nous arrivons vers 20h30 juste avant d’avoir besoin d’allumer les frontales : Donat et Godefroy ont du puiser dans les réserves. Le pot de fin de sortie, ce sera pour une autre fois … et c’est vers 23h que je redépose le minibus au club.
Il est clair que j’avais sous estimé la longueur des trajets (je n’avais pas imaginé que nous doublerions les temps qu’on trouve sur les descriptifs) mais ce fut une riche expérience de montagne et nous avons fait ces deux courses dans de bonnes conditions de sécurité. Donat remporte haut la main le prix de la combativité et les 4 sourds reçoivent, conjointement, le prix de la solidarité : ils n’ont pas hésité à aider Donat, porter son sac, l’attendre au Montenvers alors qu’ils auraient pu descendre en train, … Nous avons à nouveau vérifié que, en montagne, la seule difficulté avec les handis sourds c’est … qu’ils n’entendent pas et que, quand l’un d’eux (il se reconnaîtra !) décide de remonter en haut de la moraine pour on ne sait quelle raison, on a beau crier, il n’entend vraiment pas … Nous aurions voulu pouvoir faire un peu école de glace mais nous n’avons évidemment pas eu le temps.
Quand des gens nous doublaient, ils voyaient bien qu’on n’était pas un groupe tout à fait comme les autres et ils nous encourageaient. Tant mieux si cela a pu aider à leur faire prendre conscience que les handis peuvent, eux aussi, faire de la montagne …
Pendant ce week-end nous avons vraiment formé un groupe (handis et valides, forts et moins forts), nous avons marché dans un cadre magnifique (les handis n’étaient jamais allés dans un paysage comme celui-là). En arrivant à Chamonix, nous étions tous très fatigués (ce jour là nous avions marchés 13h !) mais le temps avait été très beau et le week-end super : je pense qu’il restera longtemps dans nos mémoires !
Les photos ci-dessous ont été prises par Laurent et Gilbert.
Les drus (vus du montenvers)
Les échelles pour descendre sur la mer de glace
Sur la mer de glace
La moraine pour rejoindre les échelles du couvercle
Les échelles pour monter au couvercle
Le refuge du couvercle : l'ancien et le nouveau
Départ du refuge
Lever de soleil sur le Mont Blanc
La dent du géant
Les grandes Jorasses
Le passage délicat qui nous a fait louper le train
Le refuge de leschaux
La descente du refuge de leschaux