Tous débutants en goulotte, on s’intéresse au topo de Combe Oursière et à ses cotations. Max (à son premier Perrier) : « Les cotations en goulotte, en fait personne n’y comprend rien, mais voilà, en gros M3 c’est plus dur que M2, et moins dur que M4 ». On fait la connaissance d’un nouvel encadrant, Tim, qui se présente à nous en ces termes : « J’aime bien la fondue, je fais un petit peu d’alpi les dimanches… ». Max nous fait les sous-titres : « Balaise le mec, B-A-L-A-I-S-E ».
 
   La tension monte jusqu’à vendredi 18h30, un petit retournement de situation suite à quelques bobos et grosse fatigue nous amène à changer d’objectif : finalement ce sera goulotte à Casse Rousse. Un peu plus près, beaucoup moins d’approche, possibilité de laisser un gros tas d’affaires en bas des voies. Ni une ni deux, les uns peautent leurs skis, les autres vont acheter le nécessaire à fondue pas lyophilisée, et tout le monde repousse son réveil d’une heure.

   Le lendemain, arrivés à Casse Rousse, on pose nos gros sacs et on se répartit entre deux goulottes, deux ambiances. Yvain, Thomas, Tim et Hugo partent faire la classique goulotte du bloc coincé. 

  
  Michel décide de nous accompagner Caro et moi dans le couloir de la cheminée. Pour surveiller de près nos boulettes ? Pour le plaisir de notre bonne compagnie ? « Comme ça je suis sûr de ne pas mourir de faim », nous dit-il, en lorgnant sur nos stocks de barres maisons.



   Etonnement et tatonnement pour chaque cordée dans la découverte de ce nouvel exercice, on s’efforce de trouver des protections naturelles sûres cachées sous la neige, dans les fissures, et d’ignorer les spits car c’est tricher.



   Ensuite, on choisit des goulottes un peu plus arborées, à gauche de la goulotte du Chien. Caro se lance sur l’éperon de gauche, brasse beaucoup de neige de toutes densités, se faufile entre les pins et arrive à trouver un petit peu de glace pour parfaire une ambiance très mixte. Il y a celles et ceux que ça amuse, d'autres sont plus sceptiques : « C’est pas franc ! ». A côté, les mecs parviennent quand même à planter une demi broche dans leur voie de « Solo monde », un exploit non-réedité dans le week end. La sortie de la goulotte se fait sous la fournaise de l’après-midi. On est contentes de ne pas trop avoir l’onglée, pour une fois, et Michel s’endort à moitié au soleil.



 Ceci fait, on s’attaque à un autre objectif du week-end, l’igloo. Dans un premier temps, on érige une belle taupinière de neige par dessus nos sacs entassés. C’est l’occasion de s’entrainer à pelleter ! On tasse, et on creuse un tunnel à la base afin de faire sortir les sacs, puis agrandir la cavité qui deviendra notre abri pour la nuit.



  
On se relaie pour tunneler, tandis que d’autres créent dans la neige qui une table et ses bancs, qui une plateforme-dortoir pour les téméraires qui veulent tester leur duvet neuf dehors. Thomas et Tim décident très gracieusement de descendre en ski au supermarché de Chamrousse pour nous remonter de la Badoit, seule chose qui manque à notre bonheur. En les attendant, la corvée de bois ratisse les pins alentours, et les cacahuètes sortent du sac.


 
La bonne humeur monte encore d’un cran quand Max, Jojo et Rui nous font la joie de débarquer en guests-stars, et en plus ils amènent de la San Pellegrino !



  On s’aperçoit que si la Quézac ne manque pas, les bonbonnes de gaz qu’on a amené ne sont pas vaillantes. Heureusement, on réussit à faire un beau feu d’enfer, et à se débrouiller pour faire fondre le fromage sur les braises. Raté pour les cinq fruits et légumes par jour, on a encore une fois prévu bien trop de bouffe, mais l’objectif de convivialité a été conscienscieusement rempli.



  Le lendemain, tout le monde émerge un peu engourdi, et il faut du temps pour rassembler nos affaires éparpillées façon puzzle.



Retour aux affaires sérieuses, les gars partent vers le couloir de la cheminée, tandis que Caro, Tim et moi filons découvrir la goulotte du bloc coincé. On accélère le rythme, car si hier on était tranquilles, le tout Grenoble est en train de monter vers nous ! Talonnés au départ, on sème les suiveurs et on profite quand même de cette jolie goulotte très esthétique, classique à juste titre.



  En haut, Caro et Hugo prennent les commandes du rappel arboricole qui nous dépose au pied de la face nord de Casse Rousse.

 
  Hugo, Caro et moi-même décidons d’aller faire la goulotte "Timothé" avec l’encadrant du même nom, tandis que Thomas, Michel et Yvain remontent par la ligne de rappel. Trompés par un gendarme pas si caractéristique, et après une laborieuse brasse coulée jusqu’en haut d’un couloir de neige sans consistance, on s’aperçoit qu’on s’est lourdés en beauté. On a squizzé les trois premières longueurs en M4 « qui grimpe pas mal », « à faire », « délicat », dixit le topo, et on se retrouve au niveau de la fin de L3, ne reste plus qu’une longueur en arête facile jusqu’au sommet. Au lieu de nous jeter des pommes de pin, Tim décide qu’après tout « c’est pas plus mal, on se rapproche un peu plus vite de [son] sandwich », et ronchonne même quand Hugo épice un peu sa dernière longueur dans des passages en 7a dont il a le secret.

  Après le bouclage des sacs qui semblent avoir encore pris encore plus de poids, c’est la descente sur les pistes de ski, chargés comme des bourriques, clinquants comme des arbres de Noël, en essayant de ne pas se faire un genou ou un touriste. Caro, qui est née avec des skis aux pieds : « Promis, je me suis fait plaisir dans quelques virages ! ». Moi : « Bon, bah au moins c’est vite fini ».

Le traditionnel débrief autour d'un verre de Ste Yorre, en terrasse au soleil, clôt ce beau week-end de la meilleure manière.