Après quelques lampées de bières dans notre préparation de la sortie du week end, la première cacahuète nous conduit déjà à renoncer à nos plans. Il doit tomber beaucoup de neige sur les Ecrins ce vendredi. Les conditions météos sont claires : Susie tu dégages ! Au revoir donc les Ecrins et le glacier Blanc initialement prévus, nous nous dirigerons en direction du Mont Pelve qui domine les glaciers de la Vanoise...
Nous parvenons au parking de Pralognan samedi matin et marchons avec un soleil radieux pour nous accompagner en direction du col de la Vanoise et son refuge. L’aiguille de la Vanoise puis la Grande Casse nous font du gringue et profitons d’être les premiers à marcher dans la neige tombée la veille pour renforcer nos petits cœurs qui s’épuisent de plus en plus vite à mesure que la neige fraiche devient de plus en plus profonde à mesure de l’altitude.
L’après-midi au refuge sera consacré à différents ateliers pour mieux maîtriser la neige, ses contraintes et potentialités. L’étude nivologique du manteau neigeux nous révèle la présence d’une belle couche de gobelets tandis que l’atelier ‘repérage de l’approche’ nous confirme que la pente est raide, que le vent a soufflé fort et qu’il est pénible de marcher dans les très nombreuses zones d’accumulations. Les conditions nivologiques sont formelles : Susie tu dégages ! Nous nous rapatrierons sur un plan B : Un aller-retour à La Grande Glière par l’arête Sud.
Au départ à 6 h les cœurs sont rendus légers par l’approche avalée en un temps à peine supérieur à celui annoncé par le topo malgré la neige et par le soleil qui se lève dans un ciel à peine voilé de cirrus. Au pied de l’arête, notre stratégie de course est simple : les trois cordées progresseront en autonomie et les encadrants (un par cordée) ont pour mission de n’intervenir qu’en cas de défaut de sécurité manifeste. L’autonomie recherchée dans le cycle doit commencer par celle de prendre des décisions.
La progression en corde tendue est commune aux trois cordées et le rythme est plutôt satisfaisant dans un très bon rocher, au soleil et dans un cadre rendu magnifique par la neige et l’absence de toute présence humaine hormis la nôtre.
Dans les dernières longueurs avant le glacier deux cordées ne prennent pas l’itinéraire le plus efficace et c’est finalement avec un certain retard sur l’horaire prévu que nous traversons le glacier Sud de la Glière. Le retard s’accumule et l’accès au col de la Glière s’avère être compliqué pour l’une des cordées qui, bien qu’elle fût la première arrivée au départ du glacier fut la dernière au col en raison d’une stratégie d’itinéraire pas toujours des plus pertinentes.
Tous enfin sous le pied de l’arête sommitale, nos montres sont formelles : Susie tu dégages ! L’horaire n’étant pas tenu, il ne nous sera pas possible d’atteindre le sommet et de rentrer avent la nuit au parking. Tant pis, nous disposerons de plus de temps pour boire des bières !!!
La descente dans la neige est un plaisir et c’est finalement sans grandes frustrations de n’avoir pu atteindre le sommet que nous l’abordons. Le retour au parking est agrémenté d’un grand nombre de pauses chamois, bouquetins ou encore débriefing : vers l’autonomie nous avons encore des pistes de progrès même si désormais nous Savons Utiliser la Seconde option Imposée par les Eléments (qu’ils soient météo ou chrono).
Crédit photos : les membres de Susie
