C'est un peu l'histoire d'un pari fou quand en septembre je me dis : "et si je proposais la traversée intégrale du chaînon des Armet ?".
Fou parce que planifier une course de 2 jours pour plus de 10km d'arête avec bivouac 2 mois à l'avance, c'est un peu de la folie !
Mais rapidement la sortie se remplit et nous serons 3 membres de la commission pour encadrer cette sortie pour en tout 6 participants.
Coup de chance pour la sortie, l'anticyclone est de la partie, c'est cool pour nous mais moins pour les poumons des habitants des vallées alpines prisonniers de cette couche de polluant que nous aurons tout le loisir de voir durant notre escapade.
L’équipe sera constituée de : Michel, Lionel, Maxime, Christophe, Gauthier et votre narrateur.
Nous choisissons de grimper en 3 cordées de 2, histoire qu’un maximum grimpe et que la progression soit plus fluide en corde tendue.
Après un départ dans la nuit Chambérienne le vendredi soir, nous passons la nuit dans une petite cabane de berger dans un vallon dominé par le grand Armet. La nuit est agréable et le réveil (privilège des hivernales) sonne tard !
Levé, petit déjeuner, nous sommes en route, le couteau entre les dents prêt à en découdre et à terrasser l’Armet.
Le coup de foehn qui a sévi une semaine auparavant est visible, point de neige sous 1900m. Ça tombe bien, c’est l’altitude du début des difficultés ! La corde est sortie, les crampons sont aux chaussures et la ferraille prend l’air, feu départ !
Les 200m premiers mètres sont agréables, la neige porte bien, nous commençons à avancer à bon rythme après avoir pris connaissance de nos compagnons de cordée et ainsi dérouiller la progression. Après une première brèche et un peu de mixte au soleil, nous replongeons dans la face NE et la neige se fait plus poudreuse, plus profonde, 70cm par moment ! Le rythme est de fait bien plus lent.
Nous faisons une pause pour casser la croute et boire un coup, nous avons fait 500m, il reste 300m à tracer dans une grosse quantité de neige. 300m, mais encore beaucoup de projeté, l’arête est beaucoup moins raide et il nous faut passer 2 antécimes et 2 petits col avant d’arriver au sommet.
Nous rallions le sommet vers 15h30/16h, avec l’intime conviction qu’il faut renoncer à faire la traversée intégrale, une descente par l’arête N est préférable avec cette quantité de neige. Mais ce sera pour demain ! Si nous avons fait nos escargots, ce n’est pas dû qu’à la neige, mais aussi au fait que nous avons une maison sur le dos, tout le matériel pour passer une nuit pas si désagréable que ça à 2800m un 3 décembre.
Nous sommes déshydratés, opération fonte de neige. Nous produirons près de 15L entre le samedi soir et le dimanche matin. Et c’est après avoir avalé nos lyophilisés que nous plongeons dans nos duvets, il est 17h40 !
Une bien longue nuit en perspective ! Car ce n’est qu’à 8h le lendemain matin que le soleil daigne nous caresser le duvet. Il fait -10°C avec un petit vent qui se chargera de réveiller les derniers endormis.
La descente par l’arête N est rapidement expédiée et commence la descente vers la voiture, par du terrain à chamois, au sens propre, puisque nous avons principalement suivi des traces de chamois, puisqu’ils sont bien élevés, ils suivent les chemins même quand ces derniers sont sous la neige !
Une belle aventure ! Un super moment partagé.
Je vous laisse avec quelques photos de notre aventure. Vivement la prochaine !