31 août 2014, Rando des Diots 12h37, La Ravoire :
Alors que nous devisons férocement sur la subtilité de la musique classique contemporaine (Patrick S. venant de boucler la maquette de sa dernière symphonie intitulée « On est largement aussi con qu’on en à l’air. »)
Une idée commence à émerger du groupe. L’idée d’un raid à Ski sur plusieurs jours au cours de l’hiver 2015. Du diot au ski de rando il n’y a qu’une lentille !!
Pour monter un tel projet il nous faut un spécialiste, que dis-je un expert de la carto ! Un de ceux qui savent re-dessiner une carte les yeux fermés, les mains collées tout en épluchant un tic-tac avec l’oreille droite ! Autant dire que l’affaire s’annonce plus que compliquée…
Nos regards se perdent dans la foule des cyclistes quand soudain la perle rare apparaît, polenta à la main, dans un cuissard d'un blanc immaculé et au combien saillant … Une telle perfection dans la tenue ne peut être que l’assurance d’une organisation sans faille, millimétrée et ne laissant aucune place à l’improvisation…
8 Mois plus tard :
Samedi 4 Avril 2015, Bonneval sur Arc, 10:04 a.m. :
Au moment de descendre de la voiture un doute nous traverse l'esprit, nous pensons avoir aperçu une cafiste qui flirte avec un groupe FFME… Nous l'épions discrètement...... Au bout de 5 min nous devons nous rendre à l’évidence c’est bel et bien un agent double !! Heureusement que nous sommes méconnaissables en tenue de combat et visage de gala…
A cet instant il me parait important de vous présenter l'équipe :
Par désordre d'apparition :
Louis : Louis VanKantcheff de Brussel
Sylvain : Sylvator Dali
Olivier : Oliv Aramis dit "Le Matoux"
Nicolas : Geogres Michel de Maurienne
Ben : Chuck Maurice
Max : Sir Max Magnum
Dorian : Frederic Mercure
Mais revenons plutôt à notre parking, afin de ne pas éveiller les soupçons, nous prenons rapidement la direction du village de l’Ecot, mais le départ de l’agent double sans ses skis pour 4 jours de ski de rando (…) ne nous laisse aucun doute sur le fait que nous avons surement été repéré...
Afin de garantir notre sécurité et brouiller les pistes nous traçons essentiellement en ligne et dans les arcosses jusqu’au refuge des Evettes.
La montée se fait sous une forte chaleur et nous ne tardons pas à sérieusement botter. 30 min plus tard nous sommes même entrain de « cuissarder » tellement la quantité de neige sous les skis est importante !!
Dans la montée Chuck me parle d’un nouvel impôt publié au journal officiel la semaine dernière : « L’impôt sur la connerie »
Avide de sensation forte et citoyen modèle je décide donc de m’acquitter rapidement de cette nouvelle redevance. Je frappe donc intensément mon bâton en carbone contre les quarts bien affutés de mes skis … Selon Chuck il s’agit d’un impôt dit impôt « Kiss Cool » avec un deuxième effet à retardement … Pour l’instant j’attends !
Nous arrivons au refuge en début d’après midi. Frédéric Mercure toujours prêt à faire grimper la température, commence à retravailler le chaud que nous devons assurer ce soir. Dés en main et fromage en bouche une partie acharnée de Trivial Poursuite démarre. L’apothéose est atteinte au moment de débattre sur la définition de la vitolphilie. Les esprits s'échauffent, les voix s'élèvent et c'est seulement quand le mur du son est dépassé que la réponse tombe : il s'agit de la collection des bagues de cigares...
Le lendemain matin c’est avec une joie non dissimulée, que je constate que l’effet kiss cool est enfin là. Fini la rigidité exemplaire de mon bâton en carbone enfin une souplesse à faire pâlir une gymnaste hyperlaxe ! Heureusement les gardiens ont toujours de quoi bricoler, il déniche une superbe barre en fonte de forme … scoliose , qui ne s’adapte pas du tout au bâton. Enfin bon c’est ça ou rien, il faut voir le côté positif: vu le poids que ça représente je pourrais toujours m’en servir de masse pour faire des apéricubes avec les séracs .
La journée n’est pas très claire, voire même blanche, mais malgré tout nous parvenons au col de la Disgrâce sans encombre (et sans le Perron...).
Nous usons quelques peu les aiguilles de nos boussoles pour rejoindre le refuge où doit nous retrouver Louis VanKantcheff. Retenu au festival de la frite sauvage à Brussel, il n’a pu se joindre au groupe le premier jour. Cependant nous avons fortement insisté pour qu’il fasse parti de l'aventure. En effet son expérience et sa validation récente du BE Ski Nautique à Bruges en font un équipier de choix. D’autant que la validation de son diplôme nécessite quand même une expérience concrète et la Belgique n’ayant pas de lacs en pente sur son territoire (...) la Haute Maurienne fera l'affaire.
Direction la Petite Muraille d’Italie, pour rejoindre le refuge Gastaldi, le soleil a fait son retour et l'abondante neige fraiche de la veille nécessite une trace profonde et solide. C'est à cet instant précis que nous sortons notre Joker: Le Matoux !
D'ordinaire cet être paisible comme une hyène (...) s’astreint à un régime drastique tout au long de l’année. Régime basé sur du Muesli sauvage le matin, des racines de baobab le midi et pour conclure en beauté la journée une fricassée de coquilles de noix pilées. Mais la veille il a complètement disjoncté à la vue des victuailles de la table voisine !
Au petit matin nous avons dû le désincarcérer du réfrigérateur dans lequel il avait trouvé refuge pour la nuit. Le point positif c’est qu'après son passage la trace pouvait supportée un semi-remorque en pleine charge.
Le vent au col est intense mais pas de quoi défriser les moustaches ! Nous amorçons donc la descente vers Gastaldi et Tuti Canti. Au vu de la "faible" quantité de neige devant l’entrée du Refuge, le gardien épuisé nous fait la version « light » du repas. Soit entrée n°1 à base de pates, entrée n°2 à base de patates avant d'attaquer le plat de résistance entre courgette et roti. Histoire de garder le rythme il nous offre l'équivalent d'une meule de fromage chacun et pour faire descendre tout ça une palette de pannetons.
Le refuge est ouvert depuis seulement 4 jours, les chambres n’ont pas encore eu le temps de chauffer, mais de peur que le lambris ne se décolle des murs à cause du parfum « Senteur Rando » nous ouvrons la fenêtre tout l'après-midi … Quand l’intelligence se met au service de la connerie le résultat est explosif !
On notera une petite soirée ciné digne d'un cours de 5e européenne puisque nous avons eu le droit à l'ascencion d'une cordée française dans le massif du Mont Blanc le tout dans langue de Goethe sous-titrée en italien ...
Le lendemain a l’occasion d’un petit détour « parce que c’était joli… » nous découvrons avec stupeur que les lacs de 10 ha sont bel et bien représentés sur les cartes italiennes et à l’échelle qui plus est … Bizarre les italiens quand même...
Passage au col d'Arnès, puis droit sur la Pointe Marie pour une descente stratosphérique où Chuck, Frédéric et George purent constater qu'ils avaient bien des skis paraboliques comme les petits copains ....
Direction Averole pour un après midi de repos bien mérité. C’est là que Sylvator Dali nous retrouve. Parce que les huitres en montagne et la raclette dans le désert c’est du déjà vu, il décide donc de nous apporter des « éclaires » au chocolat ! Bon vu la taille on parlera plutôt « d’orage » au chocolat !! Encore un grand merci à notre impressionniste culinaire !!
Au programme du lendemain l’Albaron et une vue sensationnelle au sommet. Le repas à Gastaldi est encore dans tous les esprits, c’est donc avec en plaisir incommensurable que chacun s’attelle à la confection des spaghettis...
L’après-midi est consacrée au tarot. Par un tour de passe passe adiabatique … Chuck réussi à transformer le « chien » en un adorable St Bernard à 5 cartes !! Autant dire que la réaction de Mercure ne s'est pas fait attendre !! Il enflamma la partie avec la chaleur qu’on lui connaît.
L’objectif de la fin du raid c’est l’ascension du Charbonnel, 2000 m de D+ sur 3-4 km autant dire que ça va "conversionner". La veille une scission se crée dans "les gens du village". Un groupe part en direction du Colerin juste au dessus du refuge d'Averol tandis que deux des membres optent pour le repos complet au refuge. Cela tombe bien le gardien a besoin de bras pour la salade aux arachides de ce soir. Nos deux compères ont donc cassé des noisettes tout l’après midi…
L’ascension du Charbonnel est engagée, et nous devons faire appel à la sagesse et au charme monumental de Sir Max Magnum. Le ton est donné: dès 6h30 nous sommes au pied de la face. Les skis sur les sacs, Magnum prends la tête des opérations, il sécurise chaque passage, frappe sans hésiter tous ceux qui ne respecte pas les règles. Quand le doute entre chaleur du coup de soleil et tiédeur de la baffe s’installe c’est qu’il est temps de rentrer dans les rangs.
Nous nous sommes fixés une barrière horaire à 13h. Malheureusement nous avons dû renoncer à 100 m du sommet. Malgré tout, nous nous consolons par une vraie descente de ski alpinisme et Sylvator qui n’hésite pas à mettre à contribution son talent d’imitateur du teckel des montagnes pour égayer la descente.
C’est sur cette superbe course que s’achève notre raid en Haute Maurienne, nous prenons quand même soin d’arroser cette magnifique expérience et même nous tentons de commander une crêpe au sucre que la charmante porte de prison qui fait office de serveuse, refuse de nous servir par ce que ici on ne fait pas ça ! On l'écrit juste sur la carte en ARIAL taille 175 … C’est pourtant simple !! Vous avez de la pâte ? Vous avez du suc' ? Alors avec la pâte, vous faites une crêpe pis vous mettez du suc' dessus !