Avec 2300 adhérents, le CAF de Chambéry est le quatrième club de la fédération. C’est aussi la plus ancienne et la plus grande association sportive de la ville
Elitiste, vieillot, « marche ou crève », boy-scout…Les clichés ont la vie dure. Pourtant, le Club alpin de Chambéry continue de progresser. Avec 2300 adhérents, il est le quatrième club de la FFCAM (Fédération française des clubs alpins et de montagne). Il est aussi le plus ancien et le plus important de la ville. Mais sa longévité ne l’empêche pas de se renouveler. Benoît Plessis, son président, a 37 ans. Il est entouré de plusieurs adhérents de sa génération au comité directeur. Cette année, plus de cent adhérents ont moins de 18 ans.
Le CAF alimente toutes les idées reçues. Il serait une sorte de secte pour gens bien nés, une agence matrimoniale pour randonneurs esseulés. Un mastodonte anonyme qui lance dans les pentes enneigées des dizaines de « cafards » tristes et disciplinés. Ses responsables s’en amusent. Fiers de voir toutes les sections de France venir fêter les 150 ans de la fédération à Chambéry. Non pas pour défiler au pas mais pour alterner sorties sur le terrain et animations, dont le spectacle du très décoiffant Big yukulele syndicate dans la grande salle du Phare (1).
Il est loin le temps où ce club très fermé se donnait pour mission de redonner un idéal à la jeunesse dans un pays traumatisé par la défaite de la guerre de 1870. « Pour la patrie, par la montagne » : telle était la devise de l’association patriotique. Un siècle et demi plus tard, l’association vit avec son temps. Si l’alpinisme est resté longtemps son sport de prédilection, l’escalade en salle ou en falaise est devenue la première activité pratiquée. Il suffit de voir le nombre de grimpeurs qui se retrouvent au pied du mur de la gare SNCF.
A QUAND UNE PRESIDENTE ?
Macho ? C’est une autre image de ce club qui a longtemps fait fuir les femmes pour qui la montagne n’est pas une affaire de muscles et de testostérone. Si la parité n’est pas encore là, le nombre d’adhérentes ne cesse de progresser (942 pour 1278 hommes en 2023). Même satisfaction chez les encadrants de l’école d’aventure, qui compte 8 filles pour 10 garçons. Chez les « Zwhenos », qui regroupe les cafistes de 18 à 35 ans, c’est Emilie Glasson qui joue le rôle de porte-parole. A quand une présidente au Club alpin de Chambéry ?
En mai 2002, j’ai eu la chance d’accompagner l’expédition du groupe « excellence » du CAF au Népal comme journaliste au Dauphiné Libéré. Un mois à partager l’engagement, les doutes et les attentes des jeunes alpinistes et de leurs encadrants. Une expérience inoubliable, pour certains décisives. Comme pour ce grimpeur devenu secouriste à la CRS Alpes, retrouvé l’an dernier lors du Grand Parcours à Arêches.
Depuis vingt ans, j’ai pu mesurer l’engagement et la disponibilité des bénévoles du CAF de Chambéry, qui ne comptent pas leurs heures pour se former et assurer la sécurité des sorties qu’ils proposent. On peut s’en étonner, à l’heure où d’autres n’ont en tête que la rentabilité et la soif d’être reconnus. Chez ces femmes et ces hommes qui ont guidé mes pas, la seule fierté est de transmettre ce que leurs aînés leur ont fait découvrir.
Jacques LELEU
Chaque sortie est l’occasion de mesurer l’engagement et la disponibilité des bénévoles du CAF de Chambéry, qui ne comptent pas leurs heures pour se former et assurer la sécurité des activités qu’ils proposent. Photo J.L
(1) Chambéry a été choisie pour le congrès national de la fédération les 6 et 7 avril au Phare, avec des sorties sur le terrain proposées la première quinzaine d’avril.
