Deux semaines de raid en ski de rando dans les montagnes du sud-est du Groenland (au niveau du cercle polaire) ; une boucle d’une soixantaine de kms avec ascension à skis de plusieurs sommets.
Le Groenland avec Kulusuk notre arrivée en avion
Kulusuk et Kommiut notre point de départ à skis
On a bien fait la boucle prévue mais les conditions météo n’ont pas permis de faire beaucoup de sommets. En effet, 2 jours après le départ, il s’est mis à neiger, la visibilité était nulle et nous avons du passer 4 nuits au même camp : plus de 2 m de neige sont tombées en 3 jours.
Puis le beau temps est revenu et alors c’est vraiment grandiose.
Les descentes que nous avons faites étaient dans une poudreuse de rêve
mais on ne pouvait pas aller n’importe où : avec les quantités de neige tombées (avec souvent un fort vent) s’il y a avait eu un Bra local il aurait probablement indiqué un niveau 5. Le dernier jour de notre périple, toutes les pentes avaient purgé et nous avons longé des coulées monstrueuses.
Un peu désolé de n’avoir pas pu faire davantage de ski mais … c’est la montagne !
Des conditions un peu sévères … mais pas trop,
Des paysages magnifiques avec de vraies montagnes au caractère assez alpin.
Une très belle aventure !
Au jour le jour
J1 : Paris-Rekjavik
J2 : Rekjavik- Kulusuk
Une partie de nos bagages
La banquise vue d’avion
puis une heure de traîneau à chiens
pour rejoindre le bateau qui, en 2 heures, nous amène au petit village de Kommiut dont nous partirons.
Kommiut
Enfants jouant sur la glace
une "rue" du village
Peu avant d’arriver, Pierre (qui n’est jamais venu à cet endroit) voit un sommet skiable ; il est 17h, le bateau nous dépose au bord de la banquise, nous mettons les peaux
La dépose pour partir faire le sommet
et gravissons les 800m de ce sommet. ; Descente dans une poudreuse de rêve,
reprise du bateau et nuit dans une maison du village (un peu petite pour nous tous, il faudra se serrer).
J3 : préparation des pulkas,
répartition du matériel (tout compris, on a environ 40 kgs chacun), 2h de traîneau à chiens (avec quelques passages un peu épiques) pour nous déposer au départ de notre périple. Vers 17h nous installons notre premier camp : il fait beau le cadre est magnifique.
J4 : Il neige toute la journée mais on y voit suffisamment. On tire nos pulkas pendant 4h environ et on installe le camp sur un replat du glacier.
J5 : il continue à neiger et on n’y voit plus rien. « Many snow » avait dit le pilote du bateau. Le glacier que nous remontons a pas mal de crevasses, les ponts sont à peine visibles et, ne sachant pas s’ils tiennent suffisamment, nous avons du nous encorder. Pierre, qui fait la trace, lance devant lui une cordelette pour essayer de deviner ce qu’il y a devant (et doit souvent faire demi-tour quand il arive dans une zone qui semble dangereuse) ! Installation du camp.
J6 à J8 : Il neige beaucoup avec, souvent, de grosses rafales de vent. On n'y voit absolument rien et il n’est pas possible de bouger et on reste dans ce camp. Pour éviter que les tentes s’effondrent, il faut fréquemment enlever la neige qui les recouvre. Je n’ai jamais autant utilisé la pelle. Une nuit, vers 1h du matin, réveil général pour enlever la neige des tentes ! Le dernier jour (les prévisions météo ont annoncé une petite amélioration pour le lendemain) nous partons à 5 pour préparer la trace du lendemain : nous sommes 4 devant sans pulka (2 font la trace, l’un l’élargit à gauche et l’autre à droite) ; le 5-ième tire une pulka légère. Quand nous avons quitté ce camp, le sommet des tentes était en dessous du niveau où nous marchions.
J9 : on avance sur le glacier en y voyant presque assez mais heureusement Pierre a des points sur son GPS. A nouveau, nous devons nous encorder.
J10 : Il fait grand beau ; on démonte le camp et on part faire un sommet avoisinant. Pierre trouve un itinéraire qui évite les crevasses à peine visibles. A la descente, interdiction de quitter sa trace de plus de quelques mètres et s’arrêter ailleurs que là où il s’est arrêté. Pique-nique et 3h pour aller à un autre lieu de camp.
J11 : Sommet à skis puis descente au dernier camp (là où, le lendemain, on viendra nous chercher). Une descente assez facile (assis sur la pulka on se laisse glisser en se dirigeant avec les skis) et une descente plus raide : la pulka est devant et on est supposé freiner en chasse- neige. Ce jour là, ma pulka est lourde (en plus de mon matériel personnel, j’ai le fusil, la tente et une corde de 50 m) et mon chasse neige n’est pas assez efficace pour retenir. Je descends en faisant des virages et arrive bon dernier au camp (alors qu’habituellement, je suis plutôt dans les premiers).
J12 : retour à Kommiut (environ 35 kms) soit dans des traîneaux à chiens soit sur une moto neige soit à ski tiré par la moto neige.
35 kms comme cela, c'est rude pour les bras et les jambes
Toutes les pentes longeant notre trajet se sont naturellement purgées et des plaques immenses sont parties. Nuit dans le village.
J13 Retour en bateau jusqu’à Kulusuk. Le bateau doit traverser des zones avec de petits d’iceberg et, quelques fois, forcer un peu le passage
J14 : retour à Rekjavik. On a l’impression qu’on aurait pu rester un jour de plus dans la montagne mais tous ces trajets sont aléatoires et il faut prévoir une marge de sécurité : la glace peut empêcher le bateau de passer, le vol pour Rekjavik peut ne pas avoir lieu car la visibilité n’est pas suffisante (l’atterrissage et le décollage sont « à vue », la piste est en terre).
J15 : retour à Paris
Infos pratiques
Nous étions 10 : 6 français (Aquitaine, Pyrénées, Alpes et Vosges) + une québécoise + 3 suisses. Nous étions accompagnés par 2 professionnels : Pierre (guide de haute montagne) et Michael (AMM, spécialiste des randonnées arctiques). La plus jeune a 25 ans, le plus vieux, c’est moi. Les autres ont entre 40 et 60 ans.
Ce raid était organisé par Odysée montagne (une petite agence de guides fondée il y a une vingtaine d’années par Pierre). La logistique (pas simple du tout) avait été assurée par Michael : il connaissait bien le coin et avait été le premier à faire (à skis en autonomie, tiré par des kites, plus de 5000 kms) le tour complet de la calotte glaciaire.
Nous avions 6 tentes + une tente mess où on mangeait le matin et le soir.
Les ours : on n’en a pas vus mais on a fait comme s’il pouvait y en avoir. Pas de nourriture dans nos tentes, la tente mess était installée à au moins 50 m de nos tentes et les pulkas étaient mises, pour la nuit, autour de la tente mess.
Le matin, entre le moment où on sort du duvet et où on commence à marcher, il faut environ 3 h ; se préparer, démonter la tente (quand il y a du vent, ce n’est pas si facile), préparer le petit déjeuner (faire fondre de la neige pour avoir de l’eau, ..), remplir les pulkas, faire le caca du matin (une épreuve quand il fait moins 15 et qu’il y a du vent !), …
Les repas. Le matin : céréales, café et chocolat ; à midi : pain fromage et charcuterie ; le soir : soupe, lyophilisées, gâteau et tisane ; début des préparatifs du repas vers 19h. Fin du repas vers 21h.
Le coin repas ; ça ne soit voit pas bien sur la photo mais, entre les "sièges" et la "table", il y a une petite tranchée pour les jambes et les pieds ; ainsi on mange assez confortablement !
Le matériel : Il faisait évidemment froid mais pas exagérément. Il semble que, la nuit la plus froide il ne faisait que moins 5° dans les tentes le matin. Je n’ai jamais du mettre ma veille (et grosse) doudoune et, en gros, je n’ai utilisé dans la journée que le même matériel que celui d’une sortie ski chez nous. Je n‘ai rien acheté de particulier pour ce raid (mais ce n’était pas la première fois que j’allais dans le froid).
N’ayant pas de duvet suffisamment chaud, je mettais 2 duvets l’un dans l’autre et, sauf une nuit un peu plus froide où j’ai remis une polaire pendant la nuit, je dormais avec simplement le slip, le polo et les chaussettes (pour qu’elles sèchent pendant la nuit). La gourde à pipi est fort utile pour éviter de devoir sortir de la tente pendant la nuit !
La trousse à outils est nécessaire : rien de grave mais plusieurs ont du réparer leurs chaussures de skis (des languettes en plastique ayant cassé).