Ce week-end du 23-24 juin, handicaf avait programmé une sortie alpinisme (comme celle de l’an dernier où nous étions allés sur le glacier de l’étendard) mais les deux seuls handis inscrits (et oui eux sont aussi beaucoup pris) se sont désistés. Claire, Gilbert et moi (les permanents handicaf), nous avons donc décidé d’aller faire de l’alpinisme ... pour nous. Objectif : la dent parrachée. Claire n’y était jamais allée, Gilbert, il y a quelques années, avait du renoncer car le vent était trop dangereux sur l’arête et moi j’y étais déjà allé mais c’était il y a 15 ou 20 ans.


Nous avons passé une bonne partie de la fin d’après midi de samedi à écouter Franck (le gardien du refuge) nous raconter des histoires toutes plus drôles les unes que les autres sur Kaptan (son aide népalais). Si vous allez à ce refuge, demandez lui de vous raconter le premier trail de Kaptan ...

Dimanche, le lever est matinal : 3h30. Nous commençons à marcher à 4h15 à la lumière des frontales ; le ciel est tout étoilé mais il ne fait pas froid. Quand nous attaquons le couloir qui mène au col de la dent parrachée, il fait déjà jour mais nettement plus froid. La neige est dure et nous sortons crampons et piolet. Nous montons ce couloir (le topo dit 35/40°) de neige sans nous encorder. Le haut n’a plus de neige et, comme nous l’a expliqué Franck la veille, dans les éboulis c’est un pas en avant, deux en arrière.
Nous montons l’arête jusqu’à la Fournache toujours sans corde : de la marche et de l’escalade pas vraiment difficile mais il faut être très vigilant. Nous sortons la corde pour faire l’arête de neige qui monte au sommet de la dent parrachée.



Au sommet la vue est belle : le Viso, l’oisans, la vanoise proche bien sûr, le massif du mont blanc et même le cervin !


La descente par la brèche Loza est en condition (le couloir à 40° est encore en neige) et c’est donc par là que nous redescendons pour rejoindre le refuge. Comme nous ne sommes pas les premiers, il y a des traces dans la neige et nous n’avons aucun mal à trouver la brèche mais, sans trace, ce ne serait pas si évident !

Quand nous avons retrouvé l’herbe une marmotte pas du tout effrayée (elle sait qu’elle est dans le parc et ne craint rien ?) broute juste à nos pieds. Au refuge, une bière est bien méritée et c’est vers 2h que nous retrouverons la voiture.

Deux ou trois des handis sourds que nous connaissons bien pourraient avoir rapidement le niveau technique pour faire une telle sortie mais aucun de nous trois n’a les compétences caf pour prendre la responsabilité de l’encadrer. Si, pour la saison prochaine, nous pouvions, avec 2 ou 3 handis, faire ce genre de chose sous la responsabilité d’un initiateur alpinisme, ce serait super !
René
Les photos sont de Claire et Gilbert