Troisième trek d’une semaine dans les Alpes (Alta Via Valdotaîne en 2010, Tour de l’Oisans en 2011) avec Xavier du CAF d’Albertville et surtout avec JeanSeb (12 ans) & Armand (11ans).Cet AlpTrekking qui fêtait ses 10 ans en 2012, se révèlera comme l’un des plus techniques des grands sentiers européens, un peu à l’image du GR20 corse.
Néanmoins avant de partir à l’assaut des chemins italo-suisses, il faut glaner quelques renseignements, ce qui ne se révèlera pas très facile, un vieux site internet pas souvent mis à jour, une petite plaquette touristique et un livre de Mario Colonel quasi-introuvable.
Pour la carte au 50.000e, il faut s’adresser à l’OT de Zermatt.
Je ne remercierai jamais assez Marco de l’hôtel Gorret à Breuil-Cervinia (une très bonne adresse dans la station italienne au pied du Cervin) pour tous les renseignements ainsi que pour les variantes qui ont bien pimenté la semaine.
La carte : ICI
La feuille de route : ICI

J1 : Breuil - Rifugio Perruca-Vuillermoz (10 km, 1350m D+)
L’étape la plus courte mais la plus technique puisque après une petite mise en jambes le long de la rivière, nous entamons la raide montée de la combe de Vofrède puis une via ferrata sortie de nulle part dont les italiens ont le secret.

Les jeunes vont bien assurer pour un premier jour surtout que nous sortons sous le Château des Dames à quasi 3200m. Pas le temps de se reposer puisque la descente entre gros blocs et névés se révèlera assez compliquée avec la pause d’une main courante.




Le refuge assez récent, construit en l’honneur de 2 alpinistes trop tôt disparus, est très confortable et le gardien nous gratifiera d’une très belle explication sur le Génépy local.

J2 : Rifugio Perrucca-Vuillermoz - Rifugio Nacamuli (14 km, 1100m D+)
Grosse journée qui commence fort avec le très alpin col de Valcornera (3066m). Un gros névé bien gelé, un chemin disparu sous les assauts de l’hiver et une bise bien fraîche.

Nous sortons le piolet et un bout de corde pour assurer la progéniture et tout se passera bien.

Grosse descente ensuite sur un très beau sentier suspendu avant de rejoindre (enfin) Prazrayer à côté du barrage de Place à Moulin. Rencontre avec de nombreux italiens qui font surtout de la randonnée à la journée.



Pour l’après-midi, nous repartons pour le refuge Nacamuli à 2830m au sommet de la très minérale combe d’Oren. Encore un beau refuge et surtout un super gardien qui a pris du temps pour discuter montagne.


Journée difficile pour Armand qui a bien lutté pour arriver là-haut.

J3 : Nacamuli - La Sage (25 km, 650m D+)
La plus longue étape avec le passage en Suisse. Nous commençons dans le froid et le vent pour rejoindre la frontière au col Collon.


C’est assez amusant pour le fiston et moi-même de repasser exactement au même endroit que pour Chamonix-Zermatt d’Avril 2012. Même si la météo est fort semblable, il y a beaucoup moins de neige.


Nous prenons quelques minutes pour nous encorder sur le Haut Glacier d’Arolla et suivre les balises-tripodes récemment mises en place. Pause-déjeuner au bas du glacier juste en face de la cabane des Vignettes et sous la cabane Bertol (un autre lieu chargé de souvenirs).
Petite partie technique (encore des câbles) pour apercevoir au loin Arolla. Armand, encore fatigué, fera un peu de stop avec Xavier pour rejoindre le très beau village des Haudères pendant que nous emprunterons une loooonnngue piste dans les gorges de la Borgne d’Arolla.
La journée n’est pas encore finie puisqu’il faut remonter à La Sage et le gite de l’Ecureuil.
J4 : La Sage - Zinal (25 km, 2000m D+)
Météo magnifique avec le vent qui a décidé de se calmer. Nous rattrapons un groupe Allibert engagé sur Chamonix-Zermatt version estivale et emmené par Olivier, un AEM, compétiteur de ski-alpinisme bien connu (décidément le monde est petit).

On se tire un peu la bourre avec les sportifs du groupe (il ne manquait que les skis !).
Descente sur le très émeraude barrage de Moiry envahi par nos amis helvètes.


On ne se lasse pas d’admirer la couronne impériale et ses nombreux 4000.
La montée sur le col de Sorebois (2850m) sera difficile avec la chaleur et les enfants profiteront de la benne de Zinal pour rejoindre le village tandis que les papas feront une descente à bloc.



Je ne connaissais le village que pour le ski de rando mais il vaut vraiment le détour, ambiance fort sereine, très conviviale, une vraie carte postale.
Nuitée à l’auberge Alpina, « chic et pas cher » comme indiqué sur la porte.
J5 : Zinal - Grüben (21km, 1350m D+)
Nous laissons partir les Allibert, histoire de donner un objectif aux enfants.Départ bien raide pour rejoindre un magnifique sentier balcon vers 2000m puis la Forcletta (2874m) afin de passer dans la très secrète Turtmanntal (LA vallée alémanique du secteur).


Le temps semble à la pluie mais le vent en a décidé autrement et finira par chasser les nuages.
Enfin une descente tranquille sur Grüben d’où nous ne nous lassons pas d’admirer le Bishorn et le Weisshorn (encore des souvenirs hivernaux).


Nous finirons de visiter la vallée avec Olivier par un petit jogging pour aller jusqu’au barrage.
Accueil quasi-chaleureux à l’hôtel Waldesruh et nourriture abondante, histoire de préparer la longue étape du lendemain.


J6 : Grüben - Saint-Niklaus - Zermatt (22km, 1500m D+)
Ascension matutinale de l’Augstbordpass (2893m) et également du Schwarzhorn (3201m) pour JeanSeb (petit sommet pas si proche que ça finalement).


Nous rattrapons Xavier et Armand dans la descente ainsi que 2 japonais rencontrés les jours précédents, 68 ans pour le plus âgé, un sac démesurément lourd et des chaussures de volley au pied. Chapeau l’ancien surtout quand il annonce vouloir faire le Mont-Blanc la semaine suivante.
Très beau sentier balcon cheminant au-dessus de la Mattertal que nous finirons par rejoindre dans une interminable descente sur Saint-Niklaus depuis le très perché village de Jungu.Un vrai chemin de croix avec ses 12 petites chapelles.

Nous prenons le train pour rejoindre la très huppée station de Zermatt, temple de la consommation et gros choc pour nous après une semaine loin des foules. Population très hétéroclite entre les touristes, les alpinistes et les inévitables japonais photographes.
Pas de bol, le sommet du Cervin (appelé là-bas Matterhorn) ne veut pas se montrer et il pleut même quelques gouttes.
Pour l’hébergement, difficile de trouver un hôtel abordable même si nous logerons à la très chic auberge de jeunesse locale. Une des bonnes adresses de la cité haut-valaisanne.
J7 : Zermatt - Breuil (22km, 1700m D+)
Un dernier jour qui commence sous une pluie ... bretonne mais qui finira par s’estomper.
Par contre, ce qui est bien à Zermatt, c’est qu’après 20 minutes de marche en direction de Füri, les habitats disparaissent et l’on retrouve rapidement la solitude ... surtout dans le brouillard (comme dirait JeanSeb).
1300m à avaler et même pas mal pour les enfants afin de rejoindre Gandeghütte (3029m).


Le paysage se découvre pour laisser apparaitre le glacier de Theodül, ses immenses crevasses et séracs.
Ce sera plus difficile de rejoindre le col Théodül et le refuge homonyme (3307m) par ce qui est théoriquement une piste de ski (et dire que c’est 50 euros pour skier de la glace ou du slutch de 9h à 13h).

Pause bien méritée au refuge avant de plonger sur le terme du voyage, Breuil-Cervinia sous l’oeil bienveillant du Cervin qui se découvre « rien que pour nous ».
Dernière benne pour Armand à Plan Maison (2400m), en plus c’est gratuit pour les enfants et petite frayeur pour JeanSeb qui me fera un superbe soleil dans une course effrénée contre le téléphérique.

A l’arrivée, un très beau trek combinant altitude, distance, technicité, tranquillité, ... On peut néanmoins se faciliter la tâche en utilisant quelques moyens mécaniques.
On redescend également souvent en vallée, ce qui facilite la logistique.
A conseiller sans modération.