En cette épisode de canicule du mois de février, nous nous sommes dit qu’il était envisageable d’aller terrasser “pépé” affaibli par cette vague de chaud et terré dans sa fameuse glacière à l’abri de la chaleur accablante de ce mois de février. En l’absence de nos deux grands couscoussiers préférés, c’est en autonomie que cette lourde tâche nous incombait.
Vous l’aurez donc compris, la grande semoule s’est rendue dans ce haut-lieu de la résistance française qu’est le plateau Vercors pour tenter la fameuse “goulotte à Pépé” ! Malgré les conditions printanières sévissant depuis les dernières semaines, la lecture des différents comptes rendus des jours précédents étaient optimistes et laissaient présager une goulotte en condition plutôt correct.
C’est donc de bonne heure et de bonne humeur que le groupe s’est retrouvé pour tenter d’aller mettre “pépé” à l’amende. Arrivée sur les hauts de Villard de Lans, la tension était palpable, en effet la neige manquait cruellement. Mais un groupe de jeune alpiniste Iserois nous ont rassurés sur les conditions de la goulotte voisine “Les Marmottes” qu’ils avaient réalisée la semaine précédente. Rassurés, nous laissons de côté les raquettes et les skis et nous lançons dans la marche d’approche en direction des arêtes du gerbier.


Après deux heures d’efforts, nous arrivons au pied de la planque à “Pépé”, celle-ci est protégée par un gros bloc coincé que nous devons franchir. Il s’agit de la difficulté de la voie. De loin, cela n’a pas l’air très engageant le manque de neige rend le ressaut beaucoup plus impressionnant et technique que prévu. Peu importe, nos trois cordées d’alpiniste émérites encore vierges de sortie en autonomie se lancent dans la bataille. Tous les moyens sont bons pour passer la difficulté, coincement de piolet dans les fissures, genoux, coudes ; les plus téméraires d’entre nous iront même jusqu'à utiliser la tête comme point d’appui. La bataille est rude, un jeune semoulier laisse échapper un piolet technique qui sera récupéré par un de ses compatriotes. Ouf ça passe, pour le style on repassera mais maintenant ça devrait dérouler jusqu’à la fin.


Arrivée à l’avant dernière longueur, nous sommes déjà à la bourre sur le timing, en même temps “pépé” ne nous facilite pas la tâche. La première cordée prend la sortie de droite par un bloc coincé et les deux autres la sortie de gauche en rocher, plus facile pour gagner du temps.
Alors qu’une cordée est déjà sortie de la goulotte et attaque la descente, “pépé” vexé qu’une cordée l’ait vaincu et poussé dans ses derniers retranchements, commence à nous lancer des projectiles. Malgré la vigilance accrue de nos alpinistes émérites, une pierre finit par faire mouche et touche une de nos jeunes semoulières à la tête. Sonnée quelques secondes notre jeune alpiniste reprend la direction du sommet lentement mais surement. A son arrivée au relais, nous nous sommes drôlement inquiétés à la vue de l’impact de la pierre sur son casque, heureusement plus de peur que de mal. On ne répètera jamais assez l’importance du casque en montagne !

Après cette séquence émotion, la suite de la course s’est déroulée lentement mais surement. La marche de retour s’est faite de nuit à la frontale, dans la bonne ambiance.

Enfin de retour à la voiture, direction Grenoble où un Airbnb grand luxe nous attendait. Nous avons bien mérité un peu de repos ! Face à l’assaut de nos jeunes semouliers, “pépé” s’est quand même bien défendu. On pourra même dire sans mauvais jeu de mot qu’on a pédalé dans la semoule.